Mauvaise nouvelle... Jean-Pierre Engelhard, président du CHS, est décédé

Une tête Maori peut-elle faire de la politique après sa mort ?

Tetemaori Il fut un temps où Rouen s'enorgueillit d'avoir une tête de bon sauvage ramenée à dos d'homme de pays éloignés et qu'il était coutume de commenter de haaa et de hooo en passant devant la vitrine du muséum d'histoire naturelle. Il en fut un autre où Rouen s'affola de détenir un tel trophée et voulut à tout prix le renvoyer aux descendants pour funérailles. Mais en ce temps là (±2005), les musées parisiens s'enorgueillissaient encore de détenir une bonne dizaine de têtes sans avoir l'intention de les rendre. L'initiative de Rouen fut décapitée. La tête resta dans sa caisse, rue Beauvoisine. Mais le travail parlementaire débuta pour lutter contre l'enorgueillissement général des conservateurs... Le texte avança depuis lors d'assemblées en commissions pour être enfin voté ce jeudi à l'Assemblée nationale et à l'unanimité... Voir ci-après le communiqué de Catherine Morin Desailly, chef des militants pour le retour de têtes. Tout cela n'a l'air de rien, mais fait sortir notre pays d'un conservatisme conservateur des (…) serviteurs de l'État… et fait avancer le débat sur le fond du retour aux pays d'origine des biens et restes humains pillés au fil des siècles de la colonisation... Et tout cela de province... et de Rouen... et toc.

Débat à l’Assemblée Nationale sur la restitution des têtes maories à la Nouvelle-Zélande

Reprise du communiqué de presse de la sénatrice Catherine Morin Desailly

Au cours du débat de ce jeudi 29 avril 2010, sur la proposition de loi visant à autoriser la restitution des têtes maories, les députés, tout groupes politiques confondus, ont confirmé la position des sénateurs et annoncé qu’ils voteraient le texte. Si le scrutin public de mardi prochain confirme bien le sens du débat et les positions avancées, c’est donc vers un vote conforme que l’on s’achemine. Les parlementaires pourraient ainsi ouvrir la voie de la restitution à la Nouvelle-Zélande des têtes maories se trouvant dans les collections publiques.

Après plusieurs années de procédures, Catherine Morin-Desailly se félicite de cette perspective qui marque l’aboutissement de son combat.

Depuis la décision de la Ville de Rouen, en 2008, de restituer à la Nouvelle-Zélande une tête maorie détenue dans les collections de son Muséum d’histoire naturelle, puis l’annulation de cette décision par le juge administratif, Catherine Morin-Desailly s’est engagée pour faire reconnaître les têtes maories comme un élément du corps humain et non comme objets de collection.

La question du statut juridique de ces têtes maories a donc fait l’objet de controverses depuis plusieurs années déjà mais, au-delà des considérations juridiques, cette démarche repose sur une réflexion éthique formulée par Catherine Morin-Desailly lors de son intervention au Sénat: « La culture ne peut se passer de la transparence, de la vérité et doit répondre à une éthique irréprochable. On ne peut, sous son couvert, porter atteinte au droit des peuples et la France, pays des droits des l’homme, se doit d’être exemplaire. ».

Ce sont désormais l’ensemble des têtes maories détenues par la France, une quinzaine environ, qui vont pouvoir être restituées à la Nouvelle-Zélande afin d’être inhumées dans le respect des traditions de ce peuple autochtone. La France rejoint ainsi les nombreux pays qui ont déjà répondu de manière positive aux demandes de restitution néozélandaises.

Les Centristes se réjouissent que cette proposition de loi puisse être adoptée. Inscrite au Sénat par Catherine Morin-Desailly, le texte a en effet été relayé à l’Assemblée Nationale par Colette Le Moal. Selon eux, la France, pays des droits de l’Homme, se doit de porter un regard éthique et responsable sur les collections de ses musées, et poursuivre la réflexion et le travail de fond engagés afin de régler dans un cadre strict et selon des critères précis la question de la restitution des restes humains.

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